Première activité économique
du marais
80% de la surface du marais est agricole, à parité entre
prairies et cultures. Si l’agriculture est
importante pour l’entretien du marais, elle
représente également la première
activité économique dans le marais.
L’activité agricole est une activité économique
qui s’inscrit désormais dans un marché mondial.
Certains aspects de cette activité sont
soutenus financièrement dans le cadre des
politiques de l’Union Européenne notamment.
Les soutiens financiers n’assurent qu’une
partie du revenu à côté de
la vente de la production et/ou de services
annexes, qui restent nécessaires pour la
rentabilité des entreprises agricoles
la rentabilité et la pérennité des
exploitations sont assurées par les grandes
cultures dans des systèmes de polyculture-élevage
ou des systèmes céréaliers.
La grosse étude réalisée
en 2005 dans le cadre du Docob, sur l’agriculture
du marais par un cabinet d’étude,
rapporte qu’en conséquence, "l’activité d’élevage
est de moins en moins envisagée comme une
production à part entière, mais comme
le complément d’une activité" (p
67 )
Monsieur Roussel, chargé de mission interministérielle
supposait dans son rapport "qu’une exploitation
100% en prairie naturelle ne serait pas forcément
viable", l’étude le confirme.
Le retour à la prairie n’apparaît
possible que dans certaines conditions et à des échelles
raisonnables.
Ainsi avec la reconversion telle qu’elle
est envisagée de 10 000 hectares de surfaces
cultivées en prairie, soit 25% des surfaces
cultivés, le maintien et la sauvegarde de
la rentabilité de l’économie
agricole ne sont plus assurées.
Comment maintenir des agriculteurs, comment pérenniser
des exploitations si la rentabilité de leurs
activités n’est pas assurée
sur le moyen et long terme, si le développement
et la transmission de leur exploitation sont rendus
impossibles ?
Comment entretenir un espace de 100 000 ha sans
les agriculteurs ? Les départs que provoqueraient
des mesures irréalistes seraient irréversibles.
Quel serait alors le prix que la société devrait
mettre pour entretenir le Marais Poitevin ? Et
pour quel résultat
Les subventions sur lesquelles peuvent s’appuyer
des activités non rentables mais jugées
particulièrement favorables pour la société et/ou
pour l’environnement, semblent devoir être
considérables pour un espace aussi vaste
que le Marais Poitevin. Une extension des financements
CAD (contrats d’agriculture durables) à l’ensemble
des 80 000 ha de surface agricole correspondrait à un
montant annuel compris en 15 et 30 millions d’euros
(selon le niveau de contractualisation) sans compter
les coûts complémentaires, les coûts
indirects et les manques à gagner, en amont,
en aval et à côté de l’activité agricole.
Dans ces conditions, les subventions apparaissent
nécessairement insuffisantes et incertaines,
et les acteurs locaux sont légitiment sceptiques
L’enjeu est de sauvegarder une activité agricole,
adaptée aux conditions modernes, nécessaire à l’entretien
d’espaces considérables tout en assurant
la protection des milieux et des espèces.
Le drainage : une technique importante dans le
marais
Le drainage est une technique multiséculaire
qui permet d’évacuer l’eau des
précipitations, excédentaire sur
les surfaces en culture ou en prairie.
Historiquement, par alternance d’ados et
de rigoles, la technique du drainage a évolué depuis
25-30 ans avec l’utilisation de drains enterrés
qui collectent et permettent l’évacuation
de l’eau par relèvement avec des pompes
individuelles ou collectives. On a retrouvé récemment
des poteries romaines qui à l’époque
faisaient office de drains qui montre que le concept
n’est pas nouveau.
Le drainage des terres cultivées, par drains
enterrés, est une technique d’exploitation
du sol, qui n’est pas une spécificité du
Marais Poitevin. Cette technique est utilisée
sur la plupart des terres de France et d’Europe,
pour un ensemble d’avantages :
la
facilité de travail qu’elle procure
et donc les économies d’énergie
qu’elle permet
la
diminution des délais d’intervention
après les pluies
la
limitation de l’érosion et du
lessivage par ruissellement
le
rôle tampon et régulateur au
moment des fortes pluies
l’augmentation
de la profondeur de sol exploité par
les racines des plantes (augmentation de
la réserve hydrique(1) , augmentation
du garde-manger).
Le drainage par drains enterrés est accusé abusivement « d’assècher ».
S’il limite la présence de l’eau
de surface dans les parcelles en période
pluvieuse, il permet de maintenir des niveaux d’eau
dans les fossés supérieurs à ce
que permet des parcelles drainées par ados
et rigoles. Un sol drainé constitue une
sorte d’éponge, retenant pour l’été l’équivalent
de 180 à 200 mm d’eau (alors que l’eau
sur une parcelle drainée aura ruisselée
depuis longtemps). Enfin, les drains enterrés
ont un effet positif par rapport aux ados et rigoles
en supprimant le ruissellement direct, donc atténuant
les phénomènes de pic de rejet et
en limitant l’entraînement des particules.
(1) on évalue à 40 millions
de m3 pour l'ensemble du marais la réserve
d'eau supplémentaire disponible pour les
plantes
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